BRUNO LATOUR NOUS A QUITTÉS

Bruno Latour nous a quittés le dimanche 9 octobre, à l’âge de 75 ans.

Sa pensée féconde aura marqué les esprits à plusieurs égards, ébranlant durablement notre manière d’envisager les objets, les sciences, la modernité, et par conséquent notre rapport à la planète Terre.

Si le grand public le connaît principalement pour son travail autour de l’écologie et de la figure de Gaia mené ces dix dernières années (Face à Gaia, Où Atterrir ?, Où suis-je ?, Mémo etc.), ses nombreuses contributions dans les champs sociologique et philosophique, notamment autour des questions de matérialité et d’objectivité, sont fondamentales pour comprendre le cheminement qu’il nous propose.

Notre travail, à Naïf, de création et de réflexion autour des espaces et du mobilier rencontre volontiers ses analyses ; notamment en ce qui concerne l’agentivité des objets et la manière dont ils « font faire » celles et ceux qui les manipulent. « Les objets font quelque chose, [et] ne sont pas seulement les écrans ou les rétroprojecteurs de notre vie sociale. »

Là où l’on a tendance à séparer et à (se) distinguer, Latour nous invite à nuancer et à trouver le commun. « Au lieu de vider l’espace qui sépare les fétiches des vrais objets, il faut le repeupler de « mixtes », situer tous les produits matériels de l’art ou de la science sur un axe. »

La présence d’objets d’art et la démarche artistique que nous nous efforçons de mettre au cœur de nos projets architecturaux (y compris hautement fonctionnels) s’inscrit pleinement dans cette dynamique d’hybridation et d’intrication, et nous confronte régulièrement aux questionnements que Latour soulève.

C’est pourquoi nous sommes sensibles à la critique fine de la modernité qu’il construit à partir de son travail sur notre rapport au monde matériel, ainsi que sur les sciences et sur leur interprétation de la nature. C’est par-là que Latour nous emmène vers une pensée écologique originale et holistique. Tout au long de son œuvre, il nous invite à observer et à décrire le monde qui nous entoure, et à identifier de qui et surtout de quoi nous dépendons. Tout ce qui permet de superposer le monde  l’on vit et le monde dont on vit. Comme il l’a toujours fait lui-même, et avec une immense affection pour les vivants, humains et non-humains.

Affection qui fait parfois passer au second plan (ou en douce ?) la radicalité de son analyse, et la place importante qui y est réservée au conflit. « Parler de la nature, ce n’est pas signer un traité de paix, c’est reconnaître l’existence d’une multitude de conflits sur tous les sujets possibles de l’existence quotidienne, à toutes les échelles et sur tous les continents. Loin d’unifier, la nature divise », ce qui était également le cas de ses publications, parfois provocantes. Loin de faire l’unanimité donc, mais toujours stimulantes et rafraîchissantes.

Un penseur important nous quitte, mais nous confie avant de partir une tâche non-négligeable : cheminer vers l’enveloppementen lieu et place du développement dont nous avons hérité, et qui nous montre plus que jamais ses limites. « Toutes les questions de production sont entourées, empaquetées dans les pratiques d’engendrement dont elles dépendent. Plus nous dépendons, mieux c’est. Mais comme elle est contraire à nos habitudes, cette quête des « liens qui libèrent » !

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